Mensonge ou vérité ? [PV La Reine]

Dante apparut soudainement au milieu de la cour intérieure du Palais des Doges. Sa téléportation n'était pas sans conséquence, surtout s'il n'était pas maître de ses émotions, ce qui arrivait assez rarement, il fallait l'avouer. A cause de cela, une onde de choc, semblable à un tourbillon d'air autour de son point d'arrivée, se fit sentir à tel point que les fleurs plièrent, sans pour autant aller jusqu'à rompre. Avançant au centre de la cour, le démon leva un brain et, d'un signe d'un doigt, fit venir une des chaises de l'intérieur jusqu'à lui. Chaise qu'il se fit un plaisir d'attraper au vol, et de la faire rebondir sur son pied avant de s'installer négligemment dessus, posant ses pieds sur un petit muret parfaitement propre.

Laissant tomber sa main dans la poche intérieure de son veston, le jeune homme sortit une montre à gousset, reliée à une chaînette en or. Il était prêt de six heures trente du matin. Il y avait donc peu de chances pour que le premier vénitien venu s'approche et le voit utiliser ses dons. Même si cela ne dérangeait pas le moins du monde Dante de faire brûler vif un être humain innocent, il ne voulait pas agir ausi directement. Son but était de rompre le pacte instauré entre Dieu et Satan. S'il agissait bêtement sur un coup de tête, tous ses espoirs seraient réduits à néant.

Rangeant sa montre, le démon regarda autour de lui. Malgré qu'ils soient en hiver, et que le froid se montrait particulièrement présent dans la noirceur du petit matin, le jeune homme ne souffrait pas le moins du monde. Il avait déja connu bien pire, même s'il n'avait pas été un être de l'Enfer. Ce fut à ce moment qu'un oiseau, un petit moineau, choisit pour venir se poser sur l'épaule du jeune homme, qui aperçut le volatile avec étonnement.

"Qu'est ce que tu fais là, toi ?"

Attrapant l'oiseau avec sa main, Dante le prit délicatement pour ne pas lui faire de mal, et l'approcha de son visage pour l'observer. Etrangement, les animaux avaient plus peur des Humains que des Démons et des Anges. Et si Alighieri n'avait pas d'hésitation à torturer et massacrer démons, anges et humains, les animaux ne faisaient pas partie de ses victimes favorites. Il carressa gentiment le bec du volatile, qui pialla deux fois, avant de soudainement commencer à piquer un somme dans sa main.

"Je ne sais pas si je dois me sentir vexé ou pas, que tu te sentes en sécurité avec moi..."

A peine avait-il prononcé ces mots, que des bruits de pas se firent entendre dans son dos, résonnant faiblement sur les dalles de pierres qui formaient le centre de la cour...

L'air fouettait délicieusement son visage. Volant à quelques millimètres de la surface du Grand Canal, l'animal laissait trainer sa patte avant dans l'eau sombre, dessinant derrière lui une légère onde. Des embruns se mêlait à ses poils et dans ses moustaches des petites goutes d'eau perlaient. L'animal marqua un virage serré et s'envola plus haut dans le ciel pour s'enfoncer dans la ville. Il parcouru les ruelles, les places et les canaux à une vitesse folle, mais ne loupant aucun détail : ce mendiant sous le porche d'une maison, ce couple qui rentrait à l'aube d'une soirée arrosée entre amis, ce petits oiseaux qui picoraient les dernières grains de blé qu'avait fait tomber le boulanger avant de commencer la préparation de son pain. Il voyait tout, enregistrait tout. Il analyserait plus tard.

Ses ailes d'albâtre ralentirent à l'approche du pont du Rialto. Un chat s'y trouvait, seul, perché majestueusement sur une des rampes. L'animal se posa près de lui et avança de quelques pas. Le chat noir se mit à feuler et à hérisser les poils puis il s'arrêta aussi soudainement que cette excès de colère l'avait pris, avant de montrer d'un signe de tête le soleil qui commençait à se lever timidement sur Venise. Il était tôt et l'hiver enveloppait la ville de sa brume, mais il était temps de rentrer. L'animal salua le chat noir qui disparu dans la seconde, puis prenant appuie sur ses pattes arrières il s'élançât dans les cieux encore bleutés.

Arrivé au niveau de la place San Marco, déserte pour encore quelques heures, l'animal ailé ralentit sa course et s'engouffra silencieusement dans le Palais des Doges dont la portes avait été laissé entrouverte par ses soins avant de partir pour son escapade matinale. Un raie de lumière l'éblouit un instant, et s'il y avait eu quelqu'un dans les parages il aurait très facilement pu savoir que quoi il s'agissait. C'était un chat doré, un peu plus grand que la moyenne, avec des poils plus longs et soyeux au niveau du cou et de la tête, comme une crinière de lion. Ce qui était le plus surprenant, c'était les deux ailes qui se trouvaient sur ses omoplates. Deux superbes rangées de plûmes aussi blanche que le lait qui caressait doucement le doré des flancs de l'animal. Heureusement il n'y avait personne pour le voir, et l'étrange bête fila vers l'intérieur du Palais. Il le traversa sur sa moitié, jusqu'à arriver au centre, dans une cour intérieure.

Dans l'ombre des piliers, l'animal pouvait voir celui qui n'aurait pas du être là. Les lieux devaient être désert et voilà qu'on compromettait ses plans. Il était obligé de passer devant l'homme qui se tenait assis dans la cour pour la traverser, il valait donc mieux reprendre sa forme originel. Un frisson violent secoua le chat ailé, un petit miaulement rauque lui échappa puis d'un geste gracieux, se mettant sur ses pattes arrières, il grandit, grandit encore, jusqu'à prendre une morphologie humaine. La Reine n'aimait jamais ce genre de passage entre deux états, surtout dans la précipitation et en essayant d'être discret. Elle portait la même robe qu'avant sa transformation deux heures auparavant, comme cela lui arrivait souvent pour voir sa cité sous un œil différent que les rapport de ses représentants dans chaque quartier. Des gouttes d'eau, résultat de son vol au dessus du Grand Canal, s'étaient prisent des ses cheveux et perlaient dans son cou, mais elle n'y fit pas attention. La jeune femme s'avança vers celui qui avait troublé sa balade.

Dante Alighieri s'amusait manifestement avec un petit moineau. Elle sourit à l'idée que le fils de Président, la personne la plus cruelle sur et sous terre, pouvait se prendre d'une quelconque affection pour un petit oiseau. Elle s'avança vers lui, d'un pas léger et gracieux, presque imperceptible, mais tout à fait audible pour des oreilles de démons. Arrivée face à lui, elle fit une petite révérence, le rang de son interlocuteur étant le même que le sien, elle lui devait autant de respect qu'il lui en devait.

« Je ne pensais pas vous voir de si bonne heure. Il semble que nous partagions le goût des balades matinales. »

Le petit moineau piquait un petit,somme au creux de la main de Dante, qui lui carressait gentiment les plumes, rassurant davantage le volatile. Mais sa gentillesse envers les animaux, si elle n'était pas feinte, n'était en rien représentative de son comportement. Nombre de démons était témoin de la rage et du sadisme qu'il pouvait développer envers les autres êtres disposant d'une conscience d'eux-même, qu'ils soient mortels ou non. Sa facilité à torturer et à massacrer ceux qui se plaçaient volontairement sur son chemin était devenu légendaire, même aux Enfers et au Paradis. Seul la Terre et les humains étaient protégés par leur ignorance du monde d'en haut et de celui du dessous.

Les pas qui arrivaient derrière lui, aisément assimilables à ceux d'une femme, se firent entendre. Sans même tourner la tête, le jeune homme savait à qui il avait à faire. Il existait des auras suffisament marquantes pour qu'il les retienne du premier coup, et la Reine possédait une empreinte digne d'être connue et retenue...

Néanmoins, le jeune homme n'ignorait pas que, malgré la monstrueuse différence d'âge entre eux, sur Terre, elle disposait d'un rang équivalent au sien, ce qui avait le don de le mettre parfois hors de lui. Se redressant, ce qui causa le réveil du moineau, il leva le bras, permettant à l'oiseau de s'envoler, tandis que la Reine le salua d'une révérence, remarquant le fait que tous deux appréciaient les balades matinales.

Se retournant enfin vers elle, Dante s'inclina à son tour.

"La fraîcheur et l'obscurité du matin sont uniques, Altesse..."

Observant la belle jeune femme, il constata la présence de minuscules perles d'eau enchevêtrées dans les cheveux de la Reine, et il se fit un plaisir de lui lancer :

"Je constate que vous avez fait un petit vol aux alentours des nuages, Altesse. Sans quoi, vous ne seriez pas aussi atteinte par la rosée, vu qu'il n'a aucunement plu, cette nuit..."

Les mains derrière le dos, Dante disparut soudainement, pour se retrouver aux côtés de la Reine, provoquant un nouveau remous de l'air.

"Comment vont les affaires, en ce début de journée, Altesse ?"

D'un claquement de doigt La Reine fit venir à elle une chaise qui se trouvait dans le Palais. Celle ci traversa la cour en glissant sur le sol comme si c'était de l'eau et vint s'arrêter devant celle qui l'avait appeler par télékinésie. Mais la jeune femme ne s'assit pas tout de suite, voyant que Dante se levait. Pour son âge il fallait avouer qu'il était plutôt bien conservé. Figé dans le temps comme tous les démons aux alentours de 25 ans. L'éternelle jeunesse, verni d'année et de sagesse infini. C'était assez perturbant de voir quelqu'un depuis votre naissance et de ne l'avoir jamais vu changer d'un pouce. La fils de Président avait largement plus de mille ans qu'elle, et pourtant on aurait pu croire qu'on les avait nourri au biberon au même moment. Déstabilisant...

L'oiseau qui se trouvait dans la main du démon pris son envol. Elle le suivit des yeux, tout en écoutant Dante d'un oreille distraite. Ses instincts de chat étaient encore un peu en éveil, même après sa transformation, et la présence d'un petit moineau à porté de patte était assez captivante pour perdre le fil de la conversation. Elle retrouva son attention quand son interlocuteur remarqua l'eau dans ses cheveux. Elle ne l'avait même pas senti avant qu'il ne lui en parle, mais les perles glacées coulaient dans le creux de son cou et la firent frissonner. Elle les essuya d'un revers de la main et releva la tête. Dante avait disparu, mais il réapparut un dixième de seconde plus tard près d'elle. La Reine esquissa un sourire, la téléportation l'avait toujours amusée et elle avait toujours un peu regretté de ne pas en être capable.

« Comment vont les affaires, en ce début de journée, Altesse ? »

Sa ballade dans Venise lui avait fait subitement perdre la mémoire, ou alors son inconscient avait préféré mettre de coté les soucis du moment. La jeune femme avait évité de penser aux meurtres, à la peur, à ses responsabilité. La retour à la réalité n'était pas agréable. Il restait encore tant de papier à signer et d'histoire insignifiante à régler. Elle avait l'horrible impression que tout se jouait sans elle, que de toute façon de sa tour d'ivoire, à part donner son accord pour certaine action, elle n'aidait pas le peuple de Venise. Ce qu'elle voulait c'était partir avec ses conseillers débusquer le tueur de démons. Tout cela revenait d'un coup, et lui revenait lui peser sur le coeur, le temps du sursis passé. Pourtant elle ne laissa rien paraître, ou presque, juste un petit soupir lui échappa. Mais la monarque se repris vite et afficha un sourire poli à Dante.

« Oh vous savez, comme tout les jours, des mondanités à organisés et des accords à signer entre des familles qui se déchirent. Rien d'exceptionnel. Je pense que les votre sont beaucoup plus intéressantes. »

La fin de sa phrase contenait une pointe de jalousie, un peu d'envie qu'elle n'avait pas réussi à camoufler. Ce n'était pourtant pas son genre de se dévoilé aussi facilement. Elle était plutôt du style à se fermer telle une chambre forte à la moindre approche. Mais ce devait être l'aura que dégageaient les membres de la famille de Satan, elle n'y arrivait pas aussi bien avec Dante. Sa présence la mettait un peu mal à l'aise. Sûrement le fait qu'elle ne pouvait se cacher derrière son rang, puisqu'ils avaient le même.
Afin de cacher sa gêne, La Reine fit quelques pas dans la cour tout en triturant sa bague. Elle finit par s'appuyer négligemment contre une colonne qui soutenait le patio.

« Excusez mon indiscrétion, mais une question me taraude. Que faites vous à cette heure dans le Palais? Tout est désert et le conseil ne commence que dans plusieurs heures. »

La jeune femme préférait dévier la conversation vers Dante. De plus, bien qu'il soit une connaissance de longue date, elle ne savait pas grand chose sur lui et le trouvait très mystérieux. Il devait bien cacher quelque chose derrière cet air de démon parfait.

Le moineau s'envolant captiva la Reine pendant un temps, et Dante se demanda si elle n'était pas en train de se laisser envahir par son instinct bestial, ressurgissant à chaque fois qu'elle se transformait pour voler dans les cieux. Pendant un temps, le Démon se mit à l'envier, elle et les Anges, pour ce pouvoir de voguer dans les cieux à une allure incroyable, montrant que les nuages n'étaient pas le patrimoine des seuls oiseaux. Remarquant les gouttes d'eau glacées qui scintillaient désormais sur son cou, la Reine s'en débarrassa d'un revers de la main, tandis qu'elle expliquait ses devoirs de la journée, tout en précisant quel ennui tout cela pouvait entraîner chez elle, ce que Dante comprenait parfaitement. Après tout, qui avait dit qu'être Roi signifiait avoir le bonheur parfait et irremplaçable ?
Non. La plupart du temps, les monarques sont jugés plus durement que les autres âmes, car ils ont le pouvoir de tout améliorer, ou alors de tout détruire. C'est à la fois un don, et une malédiction. Voilà pourquoi, chaque fois qu'une personne atteignait le pouvoir, elle finissait par se faire ronger par celui-ci, succombant alors aux plaisirs de la Corruption.

Alighieri espérait que la damoiselle en face de lui se révélerait bien plus forte que son physique frêle le laissait penser, et qu'elle tiendrait son rôle autant que faire se peut. Paradoxal ? Non. Si Dante souhaitait voir l'annulation du Traité, il ne désirait pas pour autant que tous ceux qui l'aient acceptés soient déchus ou détruits. Il avait connu la Reine depuis sa naissance, et même s'ils n'approuvaient pas les mêmes choses, les deux s'appréciaient un minimum.

Lorsque la Reine supposa que Dante avait droit à des tâches plus amusantes, celui-ci ne put réprimer un sourire avant de répondre, sentant sans le moindre problème l'envie qui tremblait chez la démone. Alighieri la savait pourtant maître de ses émotions, mais il n'était pas non plus du genre à blâmer les siens pour avoir éprouvé des péchés capitaux :

"Malheureusement, non, Altesse... En tant que Conseiller, je me dois de m'informer de tout ce qui pourrait vous être utile, et non de faire la chasse au Tueur de Démons..."

Bien évidemment, c'était ce qu'il souhaitait le plus au monde. Et le jour ou enfin, ce tueur tomberait en Enfer, il aurait le fort déplaisir de constater que Dante serait là pour le châtier personnellement...

Que feriez-vous, si on vous envoyait dans une prison ou la moitié des détenus y ont été envoyés par vous ?
Faisant arriver une chaise à elle, sans pour autant s'y installer, la Reine lui demanda ce qu'il faisait dehors à cette heure, alors que tout était désert et sans vie.

"Vous avez répondu à la question, Altesse... C'est justement parce qu'il n'y a nulle personne en ces lieux que je m'y ballade sereinement. Sachez-le, je n'apprécie guère les bains de foules, et préfère avoir un espace suffisant pour y respirer un air pur à ma guise... Je pourrai vous retourner votre question, mais je suppose que votre réponse serait similaire à la mienne, n'est-ce pas ?"

Toujours aussi proche de la reine, il tendit la main vers celle-ci et fit glisser langoureusement deux de ses doigts sur la joue de la Reine, la débarrassant de quelques gouttes d'eau supplémentaires.

"Qui l'eut cru ? Je pensais que votre fourrure vous aurait mieux protégé de la rosée matinale..."

La Reine n'arrivait pas à retirer le petit sourire amusé qui s'était accroché à ses lèvres. L'impertinence de ses pairs, leur manière de toute prendre avec humour et dérision, ce ton plus caustique que méchant, cela l'avait toujours fait rire. C'était un peu moins naturel pour elle.
A la question rhétorique que lui posa le démon, elle répondit d'un nouvel hochement de tête, gardant encore le même sourire espiègle. Pas de valets ni de dames de compagnie aux alentours, à quoi bon suivre toutes les règles à la lettre? Pour une fois qu'elle avait la chance de ne pas être observée de toute part, c'était le moment.

Depuis l'arrivée de ses conseillers au Palais, elle ne pensait presque plus qu'à ça. En plus des meurtres bien sûr, mais sur un plan personnel, la jalousie qui la dévorait était tenace. Elle savait qu'elle pouvait être moins... coincée si elle le voulait. Ce n'était pas vraiment sa personnalité qu'elle montrait face à tous ces dignitaires et hauts démons et anges de Venise. C'était ce qu'ils avaient fait d'elle, ce qu'ils avaient passé 117ans à façonner sur une petite fille. Mais en voyant que les autres démons qui l'entouraient étaient beaucoup plus libre, La Reine en avait eu marre de tout cela. Il était possible qu'elle ne puisse pas vivre plus de 200 ans, que le tueur la choisisse comme proie de choix, qu'elle soit évincée par Président et Mr.Houston... N'était ce donc pas le moment de vivre sa vie?

Alors qu'elle allait se déplacer pour s'assoir sur la chaise qu'elle avait déplacé un peu plus tôt, Dante qui se trouvait très près d'elle essuya les dernières gouttes qui se trouvaient sur sa joue, ajoutant une remarque sur sa forme de chat. La jeune femme ne s'attendait pas du tout à ce geste et marqua un temps de surprise et ses pommettes prirent une jolie teinte rosée pendant une seconde. Avant que son teint ne redevienne de porcelaine.

Le plus souvent, ce genre d'intimité avec la monarque était prohibée, ce qui expliquait facilement sa gène et sa surprise. Même le contact si proche avec un homme ne lui était pas familier. Elle se raidit légèrement et posa sa main sur celle de Dante tout en lui lançant un regard sans aucune expression.

« Il faut croire que non. Apparemment je suis faillible quelque soit ma forme. »

Elle repoussa doucement sa main de son visage, et se retourna vivement pour aller vers sa destination première : s'assoir sur la chaise près du petit muret.

« Vous avez dit rechercher des informations pour moi. Je pense que c'est le moment le plus approprié pour me dire ce que vous avez trouvé. »

Son ton était piqué d'un léger agacement. La Reine détestait perdre le contrôle de ce qui se passait autours d'elle, et c'était exactement ce qui était en train de se produire. Quand on vous donne les rennes dans toutes les situations pendant des années, c'est dur de les céder pour se laisser emporter par le courant. La monarque jeta un coup d'œil au ciel, le petit moineau ne s'était pas bien éloigné. Il s'était posé sur le toit et les regardait discuter dans le cours. Dante disait recueillir des informations, cela l'étonnait qu'un oiseau puisse lui en apporter. Ni de flirter avec toutes les filles qui passaient. C'était bien un trait de caractère qu'elle détestait chez les démons et qu'elle n'avait pas. Lucas était pareil, ils étaient tous pareils.
Elle se sentait amère, en colère...

[HJ] : vraiment désolée d'avoir mis tant de temps pour répondre... ça lol! J'avais pas vraiment d'inspiration alors c'est court et pas super =S, je ferais mieux la prochaine fois sorry.

Hrp: Mais je ne te jette pas la pierre, ma reine ! XD:hrP

Lorsque les doigts du fils de Satan entrèrent en contact avec la peau aussi pâle que la pleine lune de la Reine, un phénomène quasi-miraculeux se produisit, car le teint blafard de la damoiselle vira pendant de longues secondes au rouge criard, ce qui amusa Dante jusqu'aux tréfonds de son âme. Mais la Reine ne semblait pas apprécier autant que lui un tel contact, et saisissant délicatement sa main, elle la repoussa gentiment, tandis que sa peau regagnait presqu'aussitôt sa couleur d'origine, alors qu'elle se plaignait d'être faillible quelque soit la forme qu'elle emprunterait. Logique. Même sous son apparence démoniaque, s'il subissait une violente blessure, Dante en garderait les séquelle sous sa forme humaine. Mais il ne se serait jamais douté que la pluie mouillant des ailes inexistantes pourraient ainsi atteindre la peau.

Se dirigeant vers la chaise qu'elle avait fait venir à elle, la Reine s'y installa grâcieusement, tandis que, d'un ton sec et brûlant, sans pour autant être méchant, elle incita le démon à lui dire quelles informations il avait en sa possession qui pourraient lui être utiles, et Alighieri, levant les yeux au ciel, ne put s'empêcher de ricaner légèrement, tandis que, de son pas léger et flottant, il s'approchait de la Reine, jusqu'à s'agenouiller à ses côtés, comme le ferait un pitoyable serf face à son seigneur. A l'exception du fait que nul respect ne brillait dans les yeux de Dante. Uniquement l'envie, le désir, et bon nombre d'autres péchés capitaux...

Mais si l'envie de s'emparer de la beauté comme une abeille venant butiner une fleur fragile le tenaillait, jamais il n'aurait fait de mal à la Reine. Il faisait partie des rares à avoir connu la belle Démone depuis sa création, et la considérait presque comme une petite soeur.

"Bien sûr, votre Altesse... Sachez que les soupçons du meurtrier de Démons se portent de plus en plus sur les Anges, qui commencent à se regrouper, et beaucoup parlent de faire de la purée de Démons..."

Cependant, il leva la main devant le visage de la Reine, l'empêchant de reprendre parole :

"Cela dit, il y en a peu qui serait vraiment prêts à rompre le Traité. Ils exigent cependant davantage de fermeté de votre part."

Rabaissant sa main, il la posa sur celle de la Reine, sans intentions d'aller plus loin.

"Pour ma part, je vous sais capable de repousser une armée et de vous battre sur n'importe quel front, mais vous aurez cependant besoin d'aide sur ce sujet. De plus, je pense que le Tueur de Démons n'est pas un Ange..."

Il avait suffisament étudié les affaires de meurtres pour en tirer ses propres conclusions, même s'il n'était pas télépathe, le démon savait réflechir. Sans la moindre transition, Dante changea de sujet pour dire :

"Pourquoi avoir rougi à ce point lorsque ma main vous a effleurée ? Ma réputation vous effraie-t-elle tant que vous craignez de succomber à mes assauts ? Ou bien regrettez-vous tout simplement de ne pouvoir être en droit de désirer et d'agir comme bon vous semble ?"

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